Câbles sous-marins : le futur de l’électrification durable
Énergies renouvelables
13 juin 2024
12 min
Sustainability by design for cables

L’électrification joue un rôle de premier plan dans la transition mondiale vers le zéro émission nette, notamment lorsqu’elle est alimentée par des énergies renouvelables. Tandis que nous cheminons vers un avenir toujours plus électrifié, il importe de nous intéresser aux aspects environnementaux des câbles qui irriguent notre quotidien en énergie.

La demande de câbles sous-marins est en plein essor, car ceux-ci sont essentiels afin de transporter la production croissante d’électricité de manière sûre et efficace. Grâce à d’incessantes innovations technologiques, les câbles sous-marins transmettent des volumes toujours plus importants d’énergies durables à des profondeurs et sur des distances jadis inenvisageables ; mais au-delà de leurs performances, il est également essentiel de veiller à leur durabilité tout au long de leur cycle de vie.

Voyons de plus près quelles sont les innovations à l’œuvre derrière cette mutation du transport d’électricité.

Câbles sous-marins : un impératif de durabilité

Soulignons tout d’abord les deux problématiques principales qui demandent examen :

1. Les composants des câbles

L’empreinte environnementale de la fabrication des câbles résulte en premier lieu des matériaux qui les composent. L’électrification de notre futur comporte en effet un coût environnemental, et ces matériaux en sont le premier facteur déterminant.

À commencer par le conducteur, constitué de cuivre ou d’aluminium, qui canalise le flux électrique. Cet élément représente une part significative des émissions totales de GES des câbles sous-marins, essentiellement due à la grande quantité d’énergie que requièrent l’extraction et l’affinage des métaux. Le recours aux énergies renouvelables dans la production de ces matières premières est primordial afin de maîtriser leur impact environnemental.

2. Des usages raisonnés pour répondre à la finitude des ressources

Saviez-vous que les câbles électriques peuvent contenir jusqu’à 80 % de cuivre ?

Métal par excellence de l’électrification, le cuivre est indissociable de la production de câbles. En effet, les remarquables propriétés de ce matériau en font un excellent conducteur électrique, et sa perméabilité au flux d’électrons permet de minimiser efficacement les pertes d’énergies le long des lignes de transport.

Les besoins croissants de l’électrification poussent mécaniquement la demande mondiale de cuivre à la hausse. Celle-ci devrait atteindre 39 millions de tonnes à l’horizon 2030, alors qu’elle ne s’élevait qu’à 13 millions de tonnes en 1995 et à 29 millions de tonnes en 2020, ce qui pourrait avoir à terme une incidence négative sur la disponibilité des ressources. Par ailleurs, l’extraction et la métallurgie du cuivre soulèvent aussi des enjeux sociaux et environnementaux : les conflits d’usage avec d’autres industries telles que la pêche, ou avec les communautés d’accueil affectées par ces activités, peuvent limiter l’accès aux gisements potentiels.

Tournons-nous maintenant vers les solutions innovantes qui joueront un rôle clé pour atténuer l’empreinte environnementale des câbles sous-marins.

Recycling aluminium from cables

3 innovations pour des câbles sous-marins durables

Tracer l’avenir de la durabilité : une révolution des esprits

Nexans se positionne en chef de file de cette transition. C’est ainsi que les fonderies du Groupe implantées au Canada, en France et au Pérou ont réutilisé près de 19 700 tonnes de chutes de cuivre en 2022. Nexans s’est également associé à Suez en 2008 pour créer la joint-venture RecyCâbles, devenue depuis le leader européen du recyclage et de la valorisation de câbles.

Voici trois exemples concrets d’innovations qui ouvrent de nouvelles perspectives prometteuses :

Remplacement du SF₆ et terminaisons GIS

Le remplacement du SF₆ comme isolant dans les terminaisons de câbles par des gaz isolants alternatifs (comme le g³ de GE) ou par des solutions sèches est essentiel. Cela permettrait de réduire le potentiel de réchauffement global (PRG) de plus de 99 % en cas d’émission accidentelle de gaz. Les fabricants de convertisseurs développent également des appareillages de commutation utilisant un gaz alternatif au SF₆, de sorte que ce gaz puisse être remplacé dans l’ensemble des systèmes de câbles à courant continu haute tension (CCHT).

L’utilisation de terminaisons GIS présente un double avantage : elle permet d’une part de réduire considérablement l’espace nécessaire dans les stations de conversion offshore, ce qui se traduit par une diminution notable de la taille de la plateforme du convertisseur et, par conséquent, de l’acier utilisé pour sa construction.

Le projet OceanGrid

Les programmes de recherche et d’innovation façonnent aujourd’hui les interconnexions durables et économiquement viables de demain. Le projet OceanGrid travaille en particulier au développement d’un nouvel alliage d’aluminium pour l’exploitation rentable de parcs éoliens offshore en Norvège, à l’horizon 2030-2050.

Offshore wind farm with focus on subsea cables and copper

La plateforme AluGreen

Au sein de la plateforme AluGreen, Nexans étudie des solutions innovantes pour valoriser les conducteurs en fin de vie en les intégrant dans la fabrication de câbles sous-marins neufs. AluGreen mobilise toute la chaîne de valeur de l’aluminium en Norvège pour faire émerger des modèles économiques pleinement circulaires.

 

Le monde poursuit son inexorable électrification, et les câbles qui canalisent cette énergie nouvelle nécessitent une mise à niveau de leur durabilité.

Les câbles sous-marins jouent un rôle critique dans le transport efficace des énergies renouvelables produites en mer. Cependant, leur propre empreinte environnementale ne doit pas être négligée.

Les méthodes de production et les matériaux traditionnels soulèvent d’importants défis, mais en améliorant les processus de recyclage et en développant des technologies novatrices, l’innovation technique nous montre la voie vers un avenir plus durable.

Audun Johanson

Authors

Audun Johanson est chef de projet R&D et nouvelles opportunités au sein du Business Group Generation & Transmission de Nexans. À ce titre, il pilote le développement technologique pour le futur de la transmission d’énergie, en se concentrant particulièrement sur l’éolien flottant et la circularité.

Il a rejoint Nexans il y a 10 ans après une formation en science des matériaux de l’Université norvégienne de sciences et de technologie.

Nils-Bertil Frisk

Nils-Bertil Frisk est Responsable Discipline pour les accessoires extrudés à courant continu (HVDC) au sein du Business Group Generation & Transmission de Nexans. À ce titre, il est chargé de développer, de maintenir et de normaliser le portefeuille d’accessoires pour câbles extrudés HVDC.

Nils-Bertil a débuté il y a 10 ans au département R&D de Nexans, où il s’est principalement concentré sur les accessoires extrudés HVDC.

Nils-Bertil est titulaire d’un master en génie électrique délivré par l’université de technologie Chalmers (Suède).

Les interconnexions sous-marines pour une électricité sans frontière
Énergies renouvelables
10 juin 2024
12 min
Subsea interconnections - Nexans Aurora

Imaginez un serpent géant d’acier et de cuivre à 3 000 mètres de profondeur sous la mer. Ce ne sont pas des créatures marines fantastiques, mais bien des câbles d’interconnexion !

Vous connaissez déjà sans doute les câbles de fibre optique sous-marins sans lesquels vous ne pourriez pas lire cet article. Des câbles bien plus imposants se trouvent aussi dans les profondeurs des mers et des océans : ceux qui permettent la transmission de l’électricité entre les pays.

Qu’est-ce qu’un câble d’interconnexion ?

Ces artères invisibles, véritables câbles à haute tension acheminés sous les mers, permettent l’échange d’électricité entre les pays.

Leur diamètre peut atteindre 300 mm et ils peuvent peser jusqu’à environ 140 kg par mètre… soit jusqu’à 9000 tonnes ! On parle bien là de colosses pesant l’équivalent de la Tour Eiffel.

Pour se figurer ce qui se trouve à l’intérieur, il suffit d’imaginer un gros sushi : leur corps, constitué de cuivre et parfois de fibres optiques, est protégé par une épaisse armure d’acier.

Anatomie d'un câble sous-marin
Anatomie d’un câble sous-marin

Ces câbles sous-marins sont fabriqués dans des usines ultra-modernes, où leurs différents éléments sont assemblés avec une précision millimétrique. Ils sont ensuite transportés sur des navires câbliers, qui les déroulent au fond de la mer.

Une véritable prouesse technologique qui permet d’acheminer l’énergie à travers les mers et les océans. Tout cela au service de la transition énergétique.

Les interconnexions sous-marines : quels avantages ?

Retour en arrière : ce sont deux décennies après la seconde guerre mondiale que les réseaux électriques, qui d’abord avaient été déployés sur leur base nationale, ont commencé à s’interconnecter.

Aujourd’hui l’Europe est le continent le plus avancé en matière d’interconnexions. Son réseau, extrêmement sophistiqué, s’appuie en partie sur ces câbles sous-marins.

Mais quels sont les avantages de ces interconnexions ?

Virtuous circle of interconnections

Un marché de l’interconnexion en plein essor

Sans surprise, le marché de l’éolien offshore et de l’interconnexion se développent considérablement. D’importants investissements sont à prévoir pour renforcer les interconnexions là où elles sont encore insuffisantes.

S’ils connaissent un essor certain en Amérique et en Europe, les câbles sous-marins se multiplient partout dans le monde. Par exemple, les gestionnaires des réseaux de transport d’électricité de la Grèce et de l’Arabie Saoudite ont scellé en septembre 2023 une alliance stratégique : la création de la “Saudi Greek Interconnection“, une co-entreprise dédiée à l’interconnexion de leurs réseaux électriques.

Les prévisions pour le marché des interconnexions en Europe

15%

de la production d’électricité
de chaque pays européen
devra être exportée d’ici 2030

97

projets d’interconnexion sont implémentés
en Europe, 21 sont en cours de développement

+72,000 km

de câbles HT sont à installer
entre 2020 et 2030

Pas d’interconnexions… sans navires câbliers

Ce sont les navires câbliers qui transportent puis déposent les câbles au fond des mers. Ces monstres d’acier pouvant atteindre plus de 100 m de longueur sont de véritables bijoux technologiques. Ils représentent donc un élément clé dans les processus d’interconnexions.

Afin de répondre à la demande croissante d’électrification, en particulier sur les marchés européens et américains, un nombre toujours croissant de navires nouvelles générations sont développés.

Parmi les navires câbliers de pointe, nous pouvons nommer Aurora. Ce géant des mers de 150 mètres de long, baptisé d’après la déesse romaine de l’aube, est un navire d’exception. Équipé d’une technologie de pointe, le Nexans Aurora est capable de poser des câbles sous-marins ultra-haute tension sur des milliers de kilomètres et à des profondeurs abyssales. Son rôle ? Connecter les parcs éoliens offshore aux réseaux électriques terrestres, et acheminer l’énergie produite par le vent vers nos foyers.

Aurora est le deuxième navire câblier de Nexans. Le Groupe est d’ailleurs en train d’ajouter un troisième navire à sa flotte : Electra.

Electra en quelques chiffres

2026

Lancement

Design & confort

Capacités supérieures

par rapport au navire Nexans Aurora

3

tables tournantes

13 500T

de capacité de chargement

Jusqu’à

4

posés à la fois

Un géant sous la Méditerranée : le Great Sea Interconnector

Parmi les plus imposants projets d’interconnexions sous-marines se trouve le projet Great Sea Interconnector (anciennement EuroAsia Interconnector). Ce colosse d’une puissance de 2 gigawatts, s’apprête à devenir le plus long et le plus profond câble sous-marin à courant continu haute tension (HVDC) au monde. Avec une longueur totale de 900 kilomètres, il plongera à plus de 3 000 mètres de profondeur, reliant les côtes grecques et chypriotes dans une étreinte électrique inédite. Le Great Sea Interconnector symbolise une nouvelle ère d’interconnexion énergétique. Il permettra à Chypre, jusqu’ici isolée du réseau européen, de se connecter à une source d’énergie stable et diversifiée, favorisant ainsi l’intégration des énergies renouvelables et réduisant sa dépendance aux combustibles fossiles. C’est aux équipes du Groupe Nexans qu’a incombé la mission titanesque de fabriquer cette interconnexion sous-marine, la plus longue et la plus profonde au monde. Un défi d’une ampleur exceptionnelle : la fabrication du Great Sea Interconnector nécessite des moyens colossaux et une logistique hors du commun ! Des kilomètres de câbles sont produits dans les usines ultra-modernes de Nexans, pour être transportés et installés dans les profondeurs de la Méditerranée.

Interconnections map

Alors, on résume ? Les géants invisibles que sont les câbles sous-marins d’interconnexion, enfouis au fond des océans, constituent de véritables autoroutes de l’énergie.

Ils jouent donc un rôle crucial dans la transition énergétique mondiale : ils permettent l’échange d’électricité entre les pays, favorisant l’intégration des énergies renouvelables, sécurisant les approvisionnements et contribuant à la baisse des prix.

Ces câbles représentent une prouesse technologique et un investissement colossal. Leur développement s’inscrit dans une dynamique continue. Ainsi, les câbles sous-marins d’interconnexion électrique sont des acteurs clés de la lutte contre le changement climatique et d’un avenir énergétique plus durable.

Interconnexions de réseaux en eaux profondes : l’articulation essentielle entre les renouvelables et la sécurité énergétique
Énergies renouvelables
30 mai 2024
12 min
Deep sea grid interconnectors

Les sources renouvelables d’électricité sont devenues un facteur déterminant de l’équation énergétique. Le rythme annuel de création de nouvelles capacités de renouvelables s’est pratiquement accru de moitié en 2023 pour atteindre près de 510 gigawatts (GW), soit le taux de croissance de plus élevé des deux dernières décennies, ce qui marque une étape importante dans la décrue des énergies fossiles. La transition vers les énergies renouvelables est cruciale pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, et pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, conformément à l’accord de Paris.

Mais alors même que les énergies renouvelables ont représenté une part record de 30 % de l’électricité produite dans le monde en 2023, la poursuite de cet essor dépend toujours plus fortement des interconnexions entre réseaux.

Interconnexion des réseaux : la clé de voûte de la sécurité énergétique

Les interconnexions forment un dispositif optimal pour assurer notre sécurité énergétique à l’échelle des régions et des continents :

  • Au sein des réseaux interconnectés, l’énergie est aisément transportée des régions où elle est excédentaire vers celles qui présentent un déficit de production. Ces échanges favorisent la sécurité énergétique globale, en diminuant la dépendance aux énergies fossiles dans les régions dont la production de renouvelables ne peut satisfaire la demande locale.
  • En équilibrant la demande et la production dans l’ensemble des réseaux interconnectés et en redirigeant les surplus vers les régions où la demande est la plus élevée, les prix de l’énergie sont maintenus à un niveau stable, ce qui encourage aussi les investissements futurs dans la production de renouvelables.
  • Les interconnexions ne relient pas seulement les réseaux de régions contiguës, mais aussi ceux de continents entiers, ainsi que les territoires insulaires et les sites offshore de production d’énergies renouvelables. Les zones d’eaux profondes ont longtemps constitué un obstacle à ces liaisons, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui grâce aux progrès réalisés dans la conception des câbles, aux nouveaux matériaux et alliages mis en œuvre, et à la mise au point de méthodes innovantes d’installation et de maintenance.

Les navires câbliers, joyaux technologiques au service des interconnexions

Les chantiers navals produisent un nombre croissant de navires câbliers de dernière génération, afin de répondre à la demande soutenue d’électrification et d’interconnexions.

En attendant le futur Nexans Electra, le Nexans Aurora est l’un des navires câbliers les plus avancés actuellement en service : ce géant des mers de 150 mètres de long, équipé d’une technologie de pointe, est capable d’installer des câbles à ultra haute tension sur plusieurs centaines de kilomètres, et à des profondeurs abyssales.

Grâce à ces colosses d’acier, les interconnexions nous affranchissent de notre dépendance aux énergies fossiles. Quatre innovations dans le domaine des câbles HT en eaux profondes sont particulièrement importantes pour relever ce défi majeur.

4 innovations qui changent la donne pour les câbles sous-marins

1. Interconnexions en eaux profondes

L’interconnexion des réseaux atteint non seulement des profondeurs impressionnantes, mais leur capacité est également passée de centaines de mégawatts à des gigawatts.

À ce jour, le système de câbles haute tension le plus profond installé est l’interconnecteur SaPeI, qui s’étend sur 435 kilomètres, reliant la Sardaigne et l’Italie continentale, atteignant une profondeur de 1 640 mètres sous le niveau de la mer.

Un exemple révélateur de cette révolution est le projet Tyrrhenian Links, actuellement en construction. Il reliera la Sicile à la Sardaigne et à la péninsule italienne. Il sera installé à une profondeur record de 2 200 mètres, pour une capacité de transport de 1000 MW. Tout cela est rendu possible grâce aux progrès des systèmes à courant continu haute tension (CCHT), qui peuvent acheminer des quantités d’énergie plus importantes sur de longues distances.

Si cette technologie est déjà disponible pour les eaux peu profondes, des défis techniques se posent lorsque la profondeur de l’eau augmente.

2. Les câbles sous-marins à isolation au papier imprégné : une fiabilité remarquable à l’épreuve des décennies

La première utilisation commerciale des câbles CPI remonte à 1954, avec la liaison CCHT entre l’île de Gotland et la Suède continentale. Depuis cette date, les câbles CPI sont la solution préférentielle pour tous les projets d’interconnexion CCHT sous-marine de plus de 500 kV, couvrant de longues distances à des profondeurs extrêmes.

En deux mots, un câble CPI est un type de câble spécifiquement conçu pour des applications sous-marines. Pour simplifier :

  • Composition : les câbles CPI sont constitués de multiples couches de ruban en papier de haute densité, enroulées autour du conducteur. Ces rubans sont ensuite imprégnés avec un composé d’une viscosité très élevée. Le composé revêt une importance cruciale, car ce liquide épais ne doit jamais migrer, même en cas de dégradation physique du câble.
  • Application : ces câbles sont utilisés pour transporter de grandes quantités d’électricité sur de longues distances, en milieu sous-marin. Ils sont particulièrement précieux pour les applications dépassant les 500 kV CC, et pour couvrir de longues distances.

Les câbles CPI présentent trois avantages indéniables dans le cadre d’applications sous-marines :

  1. Fiabilité : les composés à viscosité élevée empêchent toute fuite de courant, y compris lorsque le câble est endommagé, ce qui les rend plus fiables en milieu sous-marin par comparaison aux conceptions antérieures.
  2. Durabilité : certains câbles installés il y a plusieurs décennies sont encore en service aujourd’hui, ce qui témoigne d’une durée de vie remarquable.
  3. Tolérance aux grandes profondeurs : lorsque leur conception intègre les caractéristiques appropriées, ils peuvent être mis en œuvre à des profondeurs d’eau extrêmes.

En substance, le câble CPI est une technologie éprouvée et reconnue pour le transport efficace de grandes quantités d’énergie en milieu sous-marin, ce qui en fait aussi un gisement clé d’innovations dans ce domaine.

Le projet Great Sea Interconnector s’apprête à repousser encore les limites de profondeur des câbles sous-marins. Il reliera Israël, Chypre, et la Grèce en passant la Crète, à une profondeur atteignant 3000 m par endroits. La liaison de 900 km entre Chypre et la Crète sera réalisée par un câble bipolaire de 1000 MW qui facilitera les échanges d’électricité entre les deux pays et contribuera ainsi à leur sécurité énergétique.

3. De nouveaux principes de conception pour surmonter les inconvénients des câbles sous-marins

La principale difficulté de mise en œuvre de la technologie CPI réside dans le risque d’élongation du système d’isolation au cours de l’installation ou du relevage du câble.

Plusieurs approches permettent de pallier ce phénomène, que ce soit en se focalisant sur la conception des câbles, sur les conducteurs, sur les matériaux employés ou sur les méthodes d’installation.

Par ailleurs, des câbles extrudés d’une capacité de plus de 500 kV sont en cours de développement. L’extrusion présente l’avantage majeur d’une tolérance plus élevée à l’élongation que celle des câbles CPI, mais elle exige que le conducteur soit parfaitement étanchéisé en cas de dégradation du câble : à 3000 m de profondeur, la pression hydraulique est si importante que l’eau peut facilement s’infiltrer sur des dizaines de kilomètres le long du câble, entraînant des coûts de réparation très élevés.

4. Surveillance et réparation des câbles sous-marins : une priorité absolue

Le relevage et la réparation de câbles sous-marins installés à des profondeurs extrêmes présentent des difficultés non négligeables. Dans ce contexte, les plans de contingence sont d’une importance cruciale pour éviter les coupures de courant ou d’autres dysfonctionnements du réseau. Les accords d’inspection, de maintenance et de réparation (IMR) sont également essentiels pour mettre en place des opérations préventives afin de minimiser les risques de panne et de réduire les délais d’intervention en cas d’incident.

Tandis que la profondeur d’installation franchit sans cesse de nouvelles limites, la surveillance des câbles sous-marins est appelée à devenir un facteur critique de fiabilité pour les réseaux interconnectés.

Les réseaux interconnectés, catalyseurs de l’électrification durable du futur

Nexans est un acteur engagé de la révolution en cours dans le secteur du transport de l’électricité. De fait, le Groupe y joue un rôle de premier plan depuis de longues années : c’est en 1977 que Nexans a déployé pour la première fois des câbles CPI CCHT, afin de réaliser l’interconnexion sous-marine du Skagerrak entre le Danemark et la Norvège, et ce même câble est encore en service près de 50 ans plus tard. Nexans dispose aujourd’hui d’une solide expertise dans la fabrication, l’installation et la réparation de systèmes CCHT en eaux profondes, qui couvre à la fois les technologies CPI et extrudée.

Le Groupe réalise actuellement le projet le plus monumental qu’il ait jamais entrepris avec le Great Sea Interconnector, qui sera l’interconnexion sous-marine la plus longue et la plus profonde du monde. Ce projet colossal symbolise le passage dans une nouvelle ère des interconnexions, au prix d’une gigantesque mobilisation de ressources et d’une maîtrise sans faille des processus logistiques.

 

Le succès de la transition vers un avenir durable dépendra de la force et de la portée des interconnexions, et donc de la capacité d’innovation qui est indissociable des réseaux en eaux profondes. Ceux-ci sont les fils invisibles qui forment l’étoffe de l’énergie mondiale. Si leur développement se heurte encore à certains obstacles, les solutions sont toujours à notre portée.

Les réseaux en eaux profondes sont bien plus que de simples câbles jetés sur les fonds marins : ils forment les lignes de force d’un paysage énergétique plus sûr. Ils sont aussi la manifestation tangible d’un engagement collectif en faveur d’un avenir durable, animé par le potentiel infini des énergies renouvelables.

Robin Sangar

Auteur

Robin Sangar est ingénieur R&D au sein du groupe d’activités Generation & Transmission de Nexans. Il s’efforce de remettre en question le statu quo en proposant des solutions novatrices et en réunissant des personnes de toutes disciplines et de toute l’entreprise pour résoudre les problèmes.

Robin a occupé plusieurs postes au sein de Nexans, de l’appel d’offres aux projets et maintenant à la R&D.

Robin est titulaire d’une maîtrise en physique expérimentale de l’Université norvégienne de technologie et de science de Trondheim.

5 innovations qui vont transformer la transmission de l’électricité
Énergies renouvelables
23 mai 2024
10 min
Subsea electrical transmission

Plus vite, plus haut, plus fort — ensemble : la devise olympique pourrait aisément s’appliquer aux profondes mutations en cours dans le secteur de la transmission et de la distribution de l’électricité.

Tandis que la décarbonation de l’énergie devient une priorité au niveau mondial, une approche unifiée s’impose pour atteindre l’objectif de zéro émission nette à l’horizon 2050. Cette ambition implique en effet d’abandonner la combustion des énergies fossiles, et de transformer les réseaux électriques afin d’y intégrer des énergies renouvelables et intermittentes.

Le monde décarboné et électrifié de demain exige un réseau rénové, bien différent des infrastructures bâties après la Seconde Guerre mondiale sur lesquelles nous comptons encore aujourd’hui, et dont la modernisation sera impérative pour la décarbonation de l’électricité. L’émergence de nouvelles technologies de stockage jouera également un rôle crucial ; mais les interconnexions entre réseaux électriques seront tout aussi essentielles pour la transition vers les énergies renouvelables, car elles conditionnent la fiabilité et la stabilité des systèmes.

Selon un récent rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie, près de 80 millions de kilomètres de réseaux devront être créés ou rénovés d’ici 2040 — soit l’équivalent de la totalité des réseaux existants à ce jour — pour que les États soient en mesure d’atteindre leurs objectifs climatiques et d’assurer leur sécurité énergétique. En tenant compte uniquement de l’éolien offshore en Europe, il faudra ajouter entre 48 000 et 54 000 km de longueur de câbles haute tension d’ici 2050 pour atteindre les objectifs de l’éolien offshore des pays européens, selon le rapport TYNDP de l’ENTSO-E publié en janvier 2024.

Si les interconnexions mobilisent les experts depuis de longues décennies, deux paramètres majeurs les placent aujourd’hui au centre des débats : l’intensification du recours aux énergies renouvelables, et la vulnérabilité des réseaux existants face au changement climatique.

Interconnexion des réseaux : un facteur de fiabilité et de stabilité, qui réduit aussi notre dépendance aux énergies fossiles

En substance, les interconnexions sont les liaisons établies entre différents réseaux dits synchrones, car ils opèrent sur une même fréquence électrique. Ces liaisons permettent les transferts d’énergie depuis les zones géographiques dont la production est excédentaire, vers celles dont la demande dépasse les capacités de production locales. La maîtrise de ces flux régionaux minimise les risques de panne de courant, et favorise la fiabilité et la stabilité des infrastructures.

En outre, les interconnexions raccordent les îles et les continents aux zones où les énergies renouvelables sont abondantes, réduisant progressivement notre dépendance aux énergies fossiles. Les liaisons entre la Crète et la Grèce, entre Majorque et l’Espagne ou entre la Tasmanie et l’Australie illustrent bien cet avantage des interconnexions, qui affranchissent ces régions insulaires des modes plus polluants de production électrique en y favorisant le développement des renouvelables.

Voici cinq innovations qui vont porter la transmission de l’électricité à des niveaux de performance inédits.

Les interconnexions mondiales sont essentielles pour la viabilité des énergies durables, et pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles. Leur déploiement exigera de véritables tours de force pour concevoir, fabriquer et installer des câbles sous-marins en haute mer capables de transmettre des charges toujours plus élevées, et de traverser des zones géographiques inaccessibles jusqu’ici.

La surveillance de haute précision des câbles et leur conception extrêmement durable du point de vue environnemental sont deux autres facettes cruciales de l’innovation en matière de transmission de l’électricité.

Au-delà de la conception, de la fabrication et de l’installation des câbles CCHT pour les infrastructures de connexion, Nexans a également mené les premiers essais de type pour des câbles de 320 kV CCHT équipés d’extrémités isolées avec le gaz g3 mis au point par GE, et intègre une part toujours plus importante de métaux recyclés dans sa production de câbles. Le Groupe démontre ainsi qu’il est à la pointe de l’innovation dans son champ d’activité.

Dans les semaines à venir, nous vous inviterons à explorer dans le détail ces innovations qui s’apprêtent à révolutionner le secteur de la transmission d’électricité.

Maxime Toulotte

Auteur

Maxime Toulotte est à la tête du département de marketing technique du groupe d’activités Generation & Transmission de Nexans, où il est responsable du développement et de l’entretien des relations avec les départements techniques et ingénierie des clients et partenaires du Groupe dans le secteur des câbles haute tension sous-marins.

Maxime a occupé différents postes de responsable des ventes et des appels d’offres ou encore d’ingénieur en chef sur des projets de câbles HT sous-marins.

Il est titulaire d’un diplôme d’ingénieur en génie électrique de Grenoble INP.

Jumeaux numériques  : quand les solutions optimales naissent de la complexité
Transformation digitale
14 mars 2024
5 min
digital twins

Les réseaux modernes de transport et de distribution électrique sont les machines les plus complexes jamais créées. Ils s’étendent sur des continents entiers, et rassemblent des myriades de composants et de sous-systèmes pour maintenir le délicat équilibre entre la demande et la production fluctuantes d’énergie.

Au-delà de leur complexité intrinsèque, les réseaux sont devenus prodigieux par le nombre de leurs composants et par leur extension géographique. Le monde compte aujourd’hui plus d’un milliard de compteurs intelligents en fonctionnement, et plus de 80 millions de kilomètres de câbles et de lignes électriques — soit l’équivalent de dix allers-retours entre la Terre et la lune !

Et cette complexité ne fera que s’accroître à l’avenir. Dans un rapport récemment publié, Transitions des réseaux électriques et de la sécurité énergétique (Electricity Grids and Secure Energy Transitions), l’AIE estime qu’il faudra rénover ou ajouter 80 millions de kilomètres de réseaux dans le monde d’ici à 2040 pour atteindre les objectifs climatiques et assurer la sécurité énergétique.

Afin de maîtriser un tel degré de complexité et des échelles si étourdissantes, les gestionnaires de réseau se tournent désormais vers les jumeaux numériques. Utilisés depuis plusieurs décennies dans de nombreux secteurs d’activité, les jumeaux numériques s’imposent chaque jour davantage pour assister les gestionnaires de réseau dans leurs décisions de planification stratégique, dans l’optimisation de la performance opérationnelle, et dans la gestion des risques au sein de systèmes d’une sophistication sans précédent.

electrical grid

3 facteurs de complexité des réseaux :

  • Tandis que le monde se détourne des énergies fossiles au profit des énergies renouvelables, les réseaux doivent être mieux équipés pour gérer la variabilité des productions éolienne, photovoltaïque et hydroélectrique.
  • La fréquence croissante des aléas dus au changement climatique fait peser un fardeau supplémentaire sur des infrastructures électriques vieillissantes au niveau mondial.
  • 40 GW de toitures photovoltaïques ont été installés dans le monde en 2022. Cette injection dans les réseaux d’une énergie solaire massive, floue et intermittente soulève d’importantes difficultés en matière de qualité de courant et de prévisions de production.

Les gestionnaires de réseaux relèvent ces défis en mobilisant des outils numériques pour améliorer la gestion opérationnelle des infrastructures. En particulier, les compteurs intelligents et les capteurs IdO (Internet des Objets) leur fournissent des données précieuses ; mais ces équipements impliquent aussi un degré supplémentaire de sophistication.

Jumeaux numériques : De la connaissance à la compréhension du réseau

Dans ce contexte de complexité croissante et de volumes colossaux de données recueillies en temps réel, les jumeaux numériques sont devenus essentiels pour l’exploitation des réseaux intelligents. Ils sont mobilisés pour :

  • Effectuer des simulations hypothétiques, afin par exemple de mieux appréhender les conséquences opérationnelles de différentes décisions ;
  • Gérer et anticiper les besoins de maintenance ;
  • Prévenir ou atténuer les pannes de réseau ;
  • Aider les gestionnaires à dresser des programmes d’investissement d’infrastructures étayés par des données.

Toute la puissance des jumeaux numériques réside dans leur capacité à reproduire virtuellement les innombrables interactions et corrélations entre des organisations multiples, à différentes échelles, et de les synthétiser dans une vision globale afin de décloisonner les prises de décision. Les équipes chargées de l’ingénierie, de la planification ou de l’exploitation d’un réseau peuvent ainsi simuler de multiples options d’intervention, et en visualiser les conséquences pour l’ensemble de l’organisation. Dès lors, leurs décisions ne s’appuient plus simplement sur leur propre expérience ou sur les comportements passés du système : elles sont pondérées en intégrant toutes leurs incidences, les résultats attendus et les arbitrages nécessaires.

Les jumeaux numériques révolutionnent la gestion des réseaux, comme en témoigne l’ambitieux projet de bâtir un jumeau numérique du réseau électrique européen. En accélérant l’innovation technologique, cette initiative cherche à renforcer l’adaptabilité du réseau face à l’essor annoncé des énergies renouvelables, et à le rendre plus résilient à des chocs tels que les aléas climatiques ou les cyberattaques.

6 domaines de rupture pour les jumeaux numériques

Aux yeux des gestionnaires de réseau, la mise en œuvre conjointe de capteurs connectés à l’IdO et de jumeaux numériques s’avère particulièrement bénéfique dans six domaines d’activité.

digital twins - IoT

Les solutions Nexans : outils d’IA pour l’analyse de données et simulations par jumeaux numériques

Les jumeaux numériques offrent aux gestionnaires une meilleure visibilité et une plus grande transparence des réseaux, ainsi que des capacités prédictives et des aides à la prise de décision. Ce sont autant d’apports bienvenus pour manœuvrer la complexité des systèmes énergétiques d’aujourd’hui.

Nexans contribue activement à la modernisation des réseaux, dont les jumeaux numériques sont une composante importante, en mettant en avant deux de ses solutions innovantes : Adaptix.Grid et Asset Electrical.

Adaptix.Grid, l’outil d’IA pour l’analyse de données développé par notre partenaire Sensewaves, propose aux gestionnaires une modélisation informatique complète, détaillée et calculable de leur réseau qui présente la topologie fine des infrastructures, y compris à des niveaux de tension faibles. Cet outil permet de réduire les délais d’intervention des équipes de terrain en cas de panne, et de visualiser précisément les zones de congestion afin de rééquilibrer le réseau en conséquence.

Asset Electrical est un jumeau numérique de simulation mis au point par Nexans, en partenariat avec CosmoTech. Il donne aux propriétaires d’infrastructures la possibilité de simuler leurs politiques de maintenance et renouvellement d’actifs, et d’en déterminer les effets sur la qualité de service ou sur les indicateurs financiers de leur entreprise.

Asset Electrical permet aux gestionnaires d’actifs stratégiques d’effectuer des simulations basées sur des données objectives. Par exemple, afin de déterminer si le report de la dépense d’équipement peut justifier de différer le remplacement d’une famille d’actifs en fin de vie théorique, eu égard aux risques accrus d’incidents de réseau ou de dégradations environnementales.

Les jumeaux numériques amènent une profonde mutation dans la gestion des réseaux électriques. En facilitant toutes les tâches de gestion et les missions opérationnelles des gestionnaires de réseau, ils donnent naissance à des infrastructures plus fiables, plus résilientes, plus efficaces et plus durables. Ils placent le secteur de l’énergie aux avant-postes de la transition vers une électricité propre et décarbonée.

Olivier Pinto

Auteur

Olivier Pinto est Directeur de l’Innovation chez Nexans, responsable des services et des solutions numériques pour les réseaux électriques. Il dirige une équipe d’experts en réseaux développant un portefeuille d’offres innovantes conçues pour résoudre les problèmes et relever les défis auxquels sont confrontés les opérateurs de réseaux électriques, en s’appuyant sur un solide écosystème de partenaires technologiques. Olivier a rejoint Nexans en 2001 et a occupé divers postes en R&D, opérations, ventes et marketing. Il est titulaire d’un Master en Sciences de l’École de Chimie, Physique et Électronique de Lyon, France.

Technologies de stockage de l’énergie : adapter les réseaux à l’électricité décarbonée
Électrification de demain
16 janvier 2024
6 min
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Les énergies renouvelables sont le point de mire de la sortie des énergies fossiles et de la réduction des émissions massives de CO2 qui leur sont associées ; elles sont à ce titre une composante essentielle de notre avenir énergétique. Tandis qu’une course contre la montre est engagée dans la lutte contre le changement climatique, la décarbonation de l’électricité s’impose comme une démarche prioritaire.

La transition à grande échelle vers les énergies renouvelables est intrinsèquement liée aux technologies de stockage de l’énergie, véritable clé de voûte des énergies propres et socle incontournable de la décarbonation des réseaux. Les énergies renouvelables — essentiellement éolienne et photovoltaïque — étant intermittentes par nature, leur intégration exige la mise en œuvre de systèmes de stockage d’énergie afin d’ajuster en permanence l’offre et la demande d’électricité. Le stockage revêt donc une importance critique pour la résilience et la fiabilité des réseaux.

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Selon les dernières prévisions de l’institut de recherche BloombergNEF, l’ensemble des installations de stockage d’énergie dans le monde devrait atteindre une capacité cumulée de 411 gigawatts (GW) à l’horizon 2030, soit quinze fois plus qu’en 2021.

Parmi les nombreux facteurs qui favorisent la montée en puissance du stockage d’énergie, on peut également citer les politiques publiques qui visent à maîtriser les prix de l’énergie, à satisfaire les pics de demande ou encore à assurer une souveraineté énergétique. À titre d’exemple, la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act, ou IRA) promulguée en 2022 marque le plus grand effort d’investissement jamais engagé par les États-Unis dans la lutte contre le changement climatique.

Relever le défi d’une adoption massive des technologies de stockage à l’échelle des réseaux

Le secteur est aujourd’hui entravé par la faible diffusion de technologies de stockage adaptées à l’échelle des réseaux. La solution la plus viable demeure le pompage-turbinage, dans lequel de l’eau est d’abord pompée vers un réservoir situé en altitude, puis relâchée en temps utile pour produire de l’électricité. Mais cette technologie est malheureusement limitée à des localisations très spécifiques, et les gestionnaires de réseau doivent habituellement recourir à des énergies fossiles pour répondre aux pics de demande.

Les progrès réalisés ces dernières années par les technologies de stockage sont cependant prometteurs, et permettent d’envisager une gestion des fluctuations de demande d’énergie qui ne fasse plus appel aux énergies fossiles. En offrant aux gestionnaires de réseau la possibilité de stocker les excédents d’énergies renouvelables, elles facilitent l’ajustement en temps réel de l’offre et de la demande et atténuent les effets de pointe.

 

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Cinq technologies de stockage de renouvelables pour une fourniture d’électricité fiable

Tandis que les réseaux électriques intègrent une part croissante d’énergies renouvelables variables, les systèmes de stockage doivent également assurer une fourniture d’électricité d’une grande fiabilité. Ces technologies sont fréquemment caractérisées selon leur capacité de stockage, leur réactivité, leur échelle de déploiement et leurs contraintes d’exploitation.

Le stockage par batteries : une sécurité améliorée et des coûts maîtrisés

Le stockage par batteries s’est imposé pour les applications solaires et éoliennes grâce à sa souplesse d’installation et à son faible coût. Depuis quelques années, les traditionnelles batteries lithium-ion sont supplantées par des technologies nouvelles, toujours plus sûres et économiques : les batteries au zinc, par exemple, présentent une alternative robuste et se distinguent par une plus grande capacité de stockage stationnaire, une inflammabilité moindre, et une meilleure puissance spécifique.

 Le stockage thermique : une solution viable pour les bâtiments à usage commercial

La nouvelle génération de technologies de stockage thermique offre une solution parfaitement adaptée aux bâtiments commerciaux. Trois procédés distincts permettent de conserver la chaleur ou le froid pour une utilisation ultérieure : le stockage par chaleur sensible, par chaleur latente ou thermochimique. Les bâtiments équipés de ces systèmes fonctionnent de fait comme des batteries thermiques, accumulant une énergie renouvelable dans des cuves ou des réservoirs avant de la restituer au moment voulu.

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Le stockage par hydrogène : l’électrolyse au service d’une énergie stable et décarbonée

Le stockage par hydrogène est un outil idéal de décarbonation, et de réduction de la dépendance aux centrales thermiques pour ajuster l’offre et la demande d’énergie. L’hydrogène pouvant conserver des quantités importantes d’énergie, il est particulièrement intéressant pour les réseaux qui intègrent une forte part d’énergies variables telles que l’éolien ou le photovoltaïque : les excédents d’énergies renouvelables sont convertis par électrolyse en hydrogène, qui est ensuite stocké dans des piles à combustible afin de fournir une énergie stable, fiable et décarbonée.

Le stockage électromagnétique : une restitution efficace et instantanée de l’énergie

Le procédé de stockage électromagnétique (Superconducting Magnetic Energy Storage ou SMES) conserve l’énergie au sein d’un champ magnétique. Par sa capacité à restituer l’énergie emmagasinée de manière instantanée, il est particulièrement adapté pour équiper les réseaux qui nécessitent un temps de réaction rapide, et de surcroît les pertes d’énergie du dispositif sont négligeables. Plusieurs prototypes sont actuellement en service, essentiellement dans le cadre de programmes de recherche, mais l’application à grande échelle de ce principe de stockage suscite un grand intérêt et pourrait constituer une solution peu coûteuse.

L’énergie mécanique et le pompage-turbinage : assurer la fiabilité du réseau à grande échelle

Le stockage sous forme d’énergie mécanique recouvre un large éventail de technologies, dont le pompage-turbinage (ou STEP, Station de Transfert d’Énergie par Pompage), les volants d’inertie, le stockage par air comprimé (Compressed Air Energy Storage ou CAES), ou encore le stockage à air liquide (Liquid Air Energy Storage ou LAES).

Le pompage-turbinage est considéré comme la forme idéale de stockage propre pour les réseaux électriques intégrant des énergies éolienne et photovoltaïque ; en conséquence, cette technologie est couramment privilégiée pour les mises en œuvre à grande échelle. Les STEP absorbent les productions d’énergie excédentaires, et les restituent lors des pointes de consommation pour assurer la fiabilité systémique des réseaux. Selon les estimations de l’International Hydropower Association (IHA), les installations de pompage-turbinage cumulent près de 9000 gigawatts-heures (GWh) d’électricité stockée dans le monde, soit plus de 94 % de la capacité totale de stockage d’énergie.

Quel avenir pour le stockage de l’énergie ?

L’arrivée à maturité des besoins s’accompagne d’évolutions rapides dans le développement de nouveaux matériaux, et dans la production de batteries de stockage destinées aux surplus de production d’énergies renouvelables. De nos jours, l’électronique de puissance réalise une conversion efficace de l’énergie stockée en électricité dans des dispositifs à empreinte carbone faible, voire nulle.

Nexans contribue de plusieurs manières à la transition énergétique, dont le stockage de l’électricité est un élément clé, à commencer par la fourniture de réseaux de transmission et de distribution pour la collecte à la source des énergies renouvelables. Il est crucial de récupérer l’électricité là où elle est produite (par exemple, dans les parcs éoliens offshore) à un coût maîtrisé. L’intégration des sites de stockage repose sur la même capacité de connexion, qu’elle soit à grande échelle ou plus largement répartie sur un territoire.

Pour que les réseaux intelligents puissent intégrer pleinement les énergies renouvelables variables, ils devront se doter d’outils toujours plus performants de suivi de la consommation en temps réel, ainsi que de systèmes automatisés d’ajustement de l’offre et de la demande. Face aux besoins grandissant en termes de flexibilité, Nexans a développé de nouveaux services.

Pour les applications de mobilité électrique, fortement dépendantes des performances techniques et économiques du stockage d’électricité, Nexans fournit des connexions et des protections de câbles adaptées, ainsi que pour les bornes de recharge des véhicules électriques, à l’aide de fonctionnalités de sécurité spécifiques pour assurer un stockage d’énergie en toute sécurité.

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Nexans a également acquis une expertise et un leadership mondial en matière de sécurité électrique et incendie, qui peuvent être étendus aux nouvelles applications en termes de stockage, comme les batteries de véhicules.

Le Groupe innove depuis de nombreuses années dans les systèmes industriels cryogéniques et supraconducteurs, notamment avec le développement d’un système de transfert cryogénique de gaz naturel et d’hydrogène liquides. L’hydrogène liquide étant appelé à jouer un rôle clé dans le stockage, Nexans continuera à innover avec des technologies de rupture pour concevoir le réseau électrique de demain.

La transition vers des énergies propres et une électricité décarbonée est intimement liée aux avancées technologiques en matière de stockage. En débouchant à l’avenir sur des applications à grande échelle, celles-ci libéreront tout le potentiel des réseaux intelligents.

Diversifier et renforcer la chaîne d’approvisionnement des nouveaux équipements en vue d’un déploiement massif constitue un enjeu majeur, notamment au regard de l’accès aux matières premières dans un contexte géopolitique tendu. Innover en recyclant les matériaux utilisés dans les produits en fin de vie est déjà un levier clé, pour lequel Nexans s’est particulièrement bien préparé et positionné.

Frederic Lesur

Auteur

Frédéric Lesur, ingénieur senior systèmes câbles haute tension et réseaux d’énergie chez Nexans, s’appuie sur plus de 25 années d’expérience ainsi que divers postes antérieurs dans la R&D chez des fabricants de câbles et opérateurs de réseaux.

En 2021, il devient responsable du Grid Engineering Design Lab, aidant les clients du Groupe à optimiser l’architecture de câblage des projets commerciaux de parcs d’énergie renouvelable.

Passionné de vulgarisation scientifique, il anime la chaîne YouTube WHAT’s WATT de Nexans.

Frédéric a toujours été un membre actif d’instances de normalisation et de groupes de travail. Auteur d’une cinquantaine de publications, il intervient lors de conférences et d’ateliers majeurs dans le domaine des réseaux d’énergie.

Numérisation et flexibilité du réseau, des vecteurs clés de la transition vers une énergie propre
Transformation digitale
13 novembre 2023
6 min
grid flexibility

La souplesse des réseaux électriques est un paramètre de plus en plus critique à mesure que la part des énergies renouvelables intermittentes s’accroît dans la production mondiale. D’après le Centre commun de recherche de la Commission européenne, cette marge de flexibilité des réseaux devra encore être multipliée par deux d’ici à 2030, et par sept à l’horizon 2050.

La numérisation du réseau et la gestion de sa flexibilité sont deux clés de voûte de la transition en cours vers une énergie propre. Ces dernières années, l’investissement dédié à la numérisation a sensiblement augmenté pour passer de 12 % de l’investissement total dans les réseaux en 2016 à 20 % en 2022. Cette hausse témoigne du vif intérêt des opérateurs pour des solutions numériques de veille et de contrôle en temps réel susceptibles d’améliorer la gestion des réseaux de transport et de distribution électriques.

La croissance prévue de l’électrification ne pourra être assimilée sans une profonde modernisation des infrastructures. La réorientation de la production au détriment des énergies fossiles implique que les réseaux existants prennent en charge des volumes considérables d’énergies renouvelables, ce qui impose de véritables défis techniques.

Centrales électriques virtuelles : un moment charnière pour la production énergétique

Une nouvelle génération de Ressources électriques distribuées (Distributed Energy Resources  ou DER) prend aujourd’hui son essor pour répondre à la demande croissante d’énergies propres et renouvelables. 

Les technologies des batteries de stockage, des véhicules électriques et de la production photovoltaïque affichent des progrès remarquables, encourageant les gestionnaires de réseaux dans leur volonté de développer les énergies renouvelables. Dans ce contexte, les centrales électriques virtuelles (Virtual Power Plants ou VPP) font valoir leurs atouts pour satisfaire la croissance de la demande énergétique tout en améliorant la résilience des réseaux électriques.

Les VPP sont à la fois des plateformes techniques et des nœuds transactionnels. Capables de coordonner un grand nombre et une grande variété de ressources, et de les mobiliser en une poignée de secondes pour répondre à une instruction à l’échelle du mégawatt, elles offrent aux gestionnaires de réseaux un formidable outil de gestion de la complexité. Au-delà des aspects techniques, les VPP prennent en charge les flux transactionnels et rémunèrent chaque ressource à hauteur de sa contribution, en prenant en compte les prix de l’énergie au moment de celle-ci ainsi que les versements effectués par les gestionnaires des réseaux de transport et de distribution. Cette consolidation des transactions constitue une valeur ajoutée importante pour les propriétaires des DER.

Les DER sont en quelque sorte les éléments constitutifs des VPP, qui peuvent puiser dans ces ressources pour fournir de l’énergie à tout instant. Ainsi les VPP peuvent ajuster rapidement la production et la demande, ce qui minimise les risques de délestage et réduit la facture pour l’utilisateur final. Ces dernières années, de nombreuses VPP ont été intégrées dans des projets immobiliers résidentiels ou commerciaux, car la perspective d’une électricité fiable à des tarifs raisonnables est un argument de vente séduisant. Il est également possible de rejoindre une VPP en tant que consommateur : l’année dernière, Tesla a lancé au Texas un nouveau service de fourniture d’énergie qui permet aux propriétaires de batteries Powerwall de revendre leurs excédents au réseau.

DER : un changement de paradigme pour la distribution électrique

Parallèlement à la montée en puissance des DER, les réseaux de distribution connaissent une transformation profonde qui fait émerger de nouvelles couches de gestion et de contrôle. Le Système avancé de gestion de la distribution (Advanced Distribution Management System, ou ADMS) est un élément essentiel de toute salle de contrôle moderne : il intègre la numérisation des flux observables, la détection, l’isolation et la réparation des défaillances, la reconfiguration du réseau et les systèmes de gestion des coupures de courant.

Mais c’est au niveau des installations basse tension que le réseau de distribution est confronté à ses plus grands défis, car leur gestion exige une observabilité plus fine et une certaine souplesse de la part des DER. C’est ici que les Systèmes de gestion des ressources énergétiques distribuées (Distributed Energy Resources Management System ou DERMS) sont associés aux ADMS afin d’orchestrer la flexibilité des DER, et leur régulation en fonction des besoins du réseau basse tension.

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Numérisation du réseau électrique : les jalons du parcours

La modernisation et la numérisation des réseaux de demain tracent un long parcours, dont nous pouvons souligner ici quelques étapes importantes.

La première consiste à comprendre la topologie du réseau et les plateformes ADMS et DERMS, afin de déterminer si tout le potentiel du réseau est effectivement exploité.

Ensuite, il faut se pencher sur l’observabilité du réseau au niveau basse tension. Les systèmes de contrôle et d’acquisition de données (Supervisory Control And Data Acquisition ou SCADA) couvrent essentiellement la moyenne tension, et le niveau d’investissement dans la gestion et le contrôle des basses tensions reste souvent trop faible. Mais ces obstacles peuvent être surmontés en mobilisant les données issues des compteurs intelligents ou d’autres dispositifs de contrôle, pour les associer aux capacités des ADMS et des DERMS.

Troisièmement, il est essentiel d’assurer l’interopérabilité et à la cybersécurité des VPP, des ADMS et des DERMS. L’interopérabilité est indispensable pour assurer une interaction fluide entre ces différents systèmes ; la cybersécurité prendra une importance de plus en plus critique à mesure que se multiplient les connexions entre réseaux et opérateurs externes.

Enfin, il faut veiller à ce que les équipements du réseau, et en particulier les systèmes câblés, soient dimensionnés avec une certaine tolérance aux variations : l’allocation optimisée des ressources conditionne les expansions futures du réseau.

Pour remédier aux défauts d’observabilité du réseau, Nexans travaille en partenariat avec Sensewaves à l’élaboration d’une topologie réseau calculable pour les GRD. Le logiciel analytique de Sensewaves recourt à l’Intelligence Artificielle (IA) pour analyser les données issues de compteurs intelligents ou d’autres dispositifs, afin d’améliorer la planification et la fiabilité des actifs. Cette association sans équivalent de l’IA et de l’analyse de données offre aux GRD un degré de compréhension systémique qui va bien au-delà de la gestion de l’exploitation proposée par les plateformes ADMS et DERMS.

La modernisation des réseaux électriques s’impose comme une adaptation inéluctable à la croissance prévue de l’électrification. Le recul des énergies fossiles dans la production d’électricité exige que les réseaux s’ouvrent aux interconnexions avec les énergies renouvelables ; de ce fait, les technologies émergentes dans les domaines de la distribution, du transport et de la gestion des énergies propres sont incontournables dans nos efforts de réduction des émissions de carbone.

Anne-Soizic Ranchere

Auteur

Anne-Soizic Ranchère est en charge du Marketing for Power Accessories and Grid Design Lab chez Nexans.

Elle possède 16 ans d’expérience dans le secteur électrique, en analyse stratégique, innovation produit et valorisation de projets. Elle a travaillé chez ENGIE en Belgique en tant qu’analyste senior, gérant la valorisation de projets d’investissement dans les infrastructures de production d’électricité.

Elle possède une vaste expérience dans le domaine des réseaux intelligents et des services énergétiques, ayant occupé des postes de direction en marketing, opérations et innovation au sein d’une entreprise leader dans le domaine de la flexibilité électrique en Europe, au Moyen-Orient et en Asie, ainsi qu’à Singapour en tant que directrice au sein de l’institut de recherche en énergie et dans un cabinet de conseil.

Anne-Soizic est titulaire du Master Science and Executive Engineering de Mines ParisTech.

5 technologies de détection pour optimiser la gestion des données réseau
Transformation digitale
29 novembre 2023
8 min
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Dans un contexte de transition mondiale vers les énergies renouvelables et de demande croissante pour une électricité décarbonée, l’inéluctable transformation des réseaux nécessite plus que jamais le concours de l’intelligence numérique.

Les capteurs revêtent ici une importance cruciale. Ils sont « les yeux et les oreilles » du réseau électrique moderne : les données qu’ils recueillent sont indispensables à une gestion fiable, efficace et adaptable des réseaux de demain.

Cinq technologies notables de capteurs de données révolutionnent aujourd’hui les réseaux électriques.

1. Les compteurs intelligents : pour une mesure efficace de l’énergie

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Les compteurs intelligents sont rapidement devenus une solution préférentielle pour mesurer efficacement les flux d’énergie. Au cours de la dernière décennie, ils ont remplacé la quasi-totalité du parc de compteurs traditionnels et révolutionné le rapport des opérateurs et des consommateurs aux ressources énergétiques. Selon l’Agence internationale de l’énergie, plus d’un milliard de compteurs intelligents sont installés dans le monde, et leur nombre a été multiplié par dix depuis 2010.

Grâce à ces nouveaux compteurs, les consommateurs bénéficient d’un suivi détaillé de leur consommation, et les fournisseurs d’électricité sont mieux à même d’analyser les profils d’utilisation et d’anticiper les besoins futurs. Le réseau devient donc plus fiable, plus efficace et plus résilient.

Il existe trois types de compteurs intelligents, qui présentent des fonctionnalités distinctes :

  • Outre qu’ils mesurent avec précision les consommations électriques, les compteurs intelligents les plus simples sont équipés pour la télémétrie et éliminent le recours aux relevés manuels. Grâce à leur prise en charge des tarifications dynamiques, les consommateurs peuvent faire des économies en reportant certaines consommations sur les heures creuses.
  • Les compteurs intelligents intermédiaires comportent des fonctions de communication bidirectionnelle entre consommateurs et gestionnaires réseau. Ils sont capables d’établir des courbes de charge, et de transmettre des données détaillées d’une grande utilité pour une gestion et une exploitation optimale du réseau. Certains modèles peuvent détecter les coupures de courant et alerter les opérateurs afin de minimiser les délais d’intervention. Il existe également des mécanismes de détection et de signalement des manipulations, qui prémunissent les opérateurs contre les fraudes et leur évitent des pertes non techniques potentiellement importantes.
  • Les compteurs intelligents avancés prennent en charge des programmes de réponse à la demande, grâce auxquels les gestionnaires de réseau contrôlent et ajustent la demande électrique à distance pendant les pics de consommation. D’usage devenu courant, les dispositifs embarqués de contrôle de la qualité de l’énergie simplifient la détection des variations ou des creux d’intensité. Enfin, ces compteurs sont dotés de capacités de diagnostic de santé et de performance des réseaux de distribution qui peuvent identifier certains dysfonctionnements des installations à basse tension, tels que les arcs électriques ou les courts-circuits, facilitant les mesures de maintenance préventive.

2. Les capteurs de courant pour câbles simples et multiconducteurs

Pour satisfaire les objectifs ambitieux de neutralité carbone, et pour mitiger la hausse et la volatilité des prix de l’électricité, les réseaux doivent impérativement minimiser les déperditions inutiles d’énergie.

D’après Sarah Marie Jordaan, maître de conférences en Énergie, ressources et environnement à l’Université Johns Hopkins, une plus grande efficacité des réseaux à l’échelle mondiale pourrait réduire de 500 millions de tonnes nos émissions de CO2 — soit plus de 1 % des émissions annuelles dans le monde. Mais pour citer le physicien britannique William Thomson, mieux connu sous le nom de Lord Kelvin, « Si vous ne pouvez pas le mesurer, vous ne pouvez pas l’améliorer ».

Des innovations comme les capteurs de courant pour câbles simples et multiconducteurs changent la donne pour les gestionnaires de processus et d’équipements. Ces dispositifs éprouvés peuvent être directement positionnés autour des conducteurs et des feeders, sans interruption du circuit à mesurer. Ils permettent ainsi de mener rapidement des audits sélectifs, et d’élaborer des stratégies concrètes de réduction des consommations pour réaliser jusqu’à 20 % d’économies d’énergie.

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3. La récolte d’énergie : puiser de faibles quantités dans l’environnement

La mise en œuvre de capteurs sur des sites isolés ou d’accès difficile peut s’avérer problématique, notamment du fait de la gestion peu durable des batteries et des coûts d’exploitation associés.

Alors que l’Internet des Objets devrait compter 25 milliards d’appareils en 2025, la récolte d’énergie émerge comme une technologie cruciale pour la diffusion de capteurs durables et de solutions connectées.

Le concept de récolte d’énergie repose sur le captage et la conversion de petites quantités d’énergie disponibles dans l’environnement immédiat d’un dispositif, ou dans des sources électriques proches telles que des câbles. La méthode la plus répandue mobilise l’effet photovoltaïque, qui produit de l’électricité à partir de la lumière. Peu coûteuse et aisément adaptable aux applications d’éclairage intérieur, elle répond parfaitement aux besoins des solutions IdO.

L’induction est une autre technologie de récolte d’énergie, fréquemment employée pour les systèmes câblés. Elle assure un fonctionnement autonome des appareils en utilisant l’énergie des câbles ou de leurs terminaisons. Cette approche intéressante du point de vue écologique simplifie la maintenance des capteurs, et prolonge la durée de vie des systèmes.

Avec les dernières avancées de l’électronique embarquée, notamment des processeurs et de la connectivité sans fil basse consommation, ces systèmes ont gagné en efficacité et fermement établi la récolte d’énergie comme une source fiable d’alimentation électrique.

4. L’Edge-to-cloud : une révolution dans les pratiques de maintenance

L’intégration Edge-to-cloud ouvre une nouvelle ère pour la maintenance avec des pratiques plus intelligentes et plus efficaces, tout particulièrement dans le domaine des réseaux électriques.

Entre autres innovations matérielles, les circuits FPGA avancés peuvent être placés à des points stratégiques du réseau électrique pour recueillir des données en temps réel sur l’état du système de câbles. Ils effectuent des relevés de paramètres tels que la charge, la température, l’humidité, les vibrations ou encore les transitoires électromagnétiques ; mais surtout, ces informations brutes sont caractérisées et modélisées à la volée, en périphérie (Edge) du système informatique. Cette fonctionnalité améliore significativement la qualité et la pertinence des données transmises au cloud pour analyse approfondie et stockage.

Associée à des processus d’apprentissage supervisé, l’intelligence artificielle en périphérie du réseau facilite le filtrage des données brutes, notamment le débruitage et la détection précoce d’altérations des conditions de fonctionnement.

Les données sont ensuite communiquées à une application de maintenance hébergée sur site ou sur le cloud, comme la plateforme Nexans de gestion des actifs conçue pour informer les décisions des opérateurs réseau et de leurs équipes de maintenance. La fluidité de l’interface entre l’edge et le cloud facilite ici l’élaboration de stratégies de maintenance prédictives basées sur l’état physique du réseau. Cette technologie puissante permet l’identification des premiers signaux de défaillance des équipements, l’optimisation des programmes de maintenance et la minimisation des temps d’arrêt financièrement préjudiciables.

Les technologies edge-to-cloud catalysent aujourd’hui l’évolution de la maintenance réseau vers une approche proactive et centrée sur les données ; elles sous-tendent la robustesse et la sécurité du réseau, la maîtrise des coûts, et le fonctionnement ininterrompu des réseaux électriques.

5. La fibre optique : minimiser les perturbations de service

Lorsque les techniques traditionnelles s’avèrent impraticables ou trop chères, la fibre optique peut être mise en œuvre comme solution d’acquisition de données à distance ou comme réseau de capteurs distribués.

Par comparaison aux capteurs ponctuels, les technologies de détection par fibre optique proposent aux opérateurs réseau une méthode plus précise et plus économique d’acquisition de données.

Les capteurs à fibre optique distribués mesurent en continu l’activité de l’ensemble du réseau électrique, permettant aux opérateurs de localiser rapidement les perturbations réelles ou potentielles et donc de minimiser, voire de prévenir de coûteuses coupures de courant.

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Très sensibles aux variations de température et de contraintes mécaniques, les fibres optiques se prêtent à toutes les applications de détection distribuée :

  • La Détection de température distribuée (Distributed Temperature Sensing ou DTS) concerne la détection précoce d’anomalies telles que les points chauds ou les goulets d’étranglement thermiques dus à des modifications de l’environnement des câbles. Associée à un algorithme de contrôle thermique, la DTS permet d’évaluer l’état des câbles et l’intensité maximale admissible, et donc de déterminer les plages d’utilisation compatibles avec une exploitation sûre du réseau.
  • La Détection acoustique distribuée (Distributed Acoustic Sensing ou DAS) porte sur la détection et la localisation précise des anomalies, mais aussi des interférences de tiers, que celles-ci aient lieu à terre (vols de câbles, fouilles, forages…) ou en mer (lâchers ou dérives d’ancres). Cette écoute permanente des signatures acoustiques est une méthode efficace de contrôle de l’état des câbles.
  • La Détection de contraintes distribuée (Distributed Strain Sensing ou DSS) mesure en continu les contraintes mécaniques et les déformations sur toute la longueur du câble. Ceci permet d’évaluer l’état structurel du câble et de s’assurer que celui-ci n’est pas soumis à des contraintes trop importantes (telles que des coudes ou des étirements).

Depuis le début des années 90, Nexans est un pionnier des technologies de détection et de mesure distribuées pour les câbles à haute tension. Notre parcours dans ce domaine a débuté par l’installation du système de détection des températures distribuée (DTS) pour la liaison Skagerrak 3 entre le Danemark et la Norvège ; depuis lors, ces technologies n’ont jamais cessé d’évoluer et de repousser les limites de distance, de précision, d’efficacité et de réduction des coûts.

Avec l’irruption de technologies novatrices, les capteurs jouent un rôle de premier plan dans la révolution des réseaux électriques intelligents. Nous disposons grâce à eux des données indispensables pour assurer la fiabilité, l’efficacité et l’adaptabilité des réseaux électriques de demain.

Aymeric André

Auteurs

Aymeric André occupe le poste de New Solutions Manager chez Nexans au sein du département Sales & Marketing du Business Group Generation & Transmission.

En 2019, il a rejoint l’équipe Services and solutions de Nexans au sein du département Innovation et Développment en tant que responsable du Design Lab pour la surveillance des actifs afin de contribuer à l’amélioration des offres digitales de l’entreprise.

Auparavant, il a travaillé à l’Institut SuperGrid où il a dirigé un programme de recherche sur les technologies sous-marines à haute tension.

Samuel Griot

Samuel Griot est responsable du département ingénierie électrique au sein du service Innovation et Croissance.

Il dirige une équipe d’experts développant de nouvelles solutions innovantes pour les applications basse, moyenne et haute tension afin de répondre aux besoins futurs des réseaux électriques. Samuel a rejoint Nexans en 2021 et possède une solide expérience en architecture de réseaux électriques et en appareillage de commutation.

Il est titulaire d’un Master en génie électrique de l’INSA de Lyon, France.

Industrie 1, 2, 3, 4… et 5.0
Économie circulaire
08 novembre 2023
10 min
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Nexans réussit le mariage des données et des métiers

Après le modèle d’une économie sans usine qui a été la marque des trente dernières années, de nombreux pays, tels que les Etats-Unis ou la France, redécouvrent les vertus de la production sur son sol. Une occasion unique pour favoriser le développement d’usines de nouvelle génération, adaptées aux nouveaux enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Pour Nexans, qui a toujours fait le choix du local for local, c’est l’opportunité de franchir une nouvelle étape en intégrant son modèle de management exigeant à son outil industriel international qui sera en mode 4.0 dès 2026.

Quand on parle de révolution numérique, on pense d’abord à toutes ces informations qui envahissent notre quotidien, semaine après semaine, pour annoncer la sortie d’un smartphone révolutionnaire, d’un nouveau robot domestique ou les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle (IA). Ce n’est que récemment que le sujet s’est invité dans le monde professionnel à travers des débats passionnés sur les effets de l’IA sur les métiers et les tâches susceptibles d’être rapidement automatisées, du programmeur au comptable, du médecin à l’avocat.

Paradoxalement, on parle moins de l’industrie, plus rarement sous le feu des projecteurs, alors même que c’est un sujet majeur en termes d’emplois, d’innovation et de création de valeur, mais aussi de souveraineté depuis que les pays européens ont pris conscience de leur dépendance économique et stratégique à l’occasion de la pandémie de Covid-19 et de la confrontation directe entre la Chine et les Etats-Unis. C’est pourtant dans les usines que se joue une partie importante de l’adaptation de nos économies à la nouvelle donne technologique.

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Industrie 4.0, comment l’industrie se réinvente

Ce n’est bien sûr pas une surprise puisque l’évolution des ateliers a toujours été associée à un saut technologique. Un cycle ouvert par deux révolutions industrielles, entamé par la machine à vapeur et les premières usines, amplifié par l’électricité, la machine-outil et la production de masse, et qui s’est poursuivi, dans les années cinquante, par l’électronique et l’automatisation grâce à la programmation, les machines à commande numérique, les robots industriels et les premiers logiciels de supervision.

La quatrième révolution, qui se développe sous nos yeux, s’inscrit directement dans la poursuite d’une informatisation déjà fortement engagée, mais se distingue par son ampleur. Il s’agit tout d’abord de s’appuyer sur un nouveau socle énergétique avec l’ambition de s’émanciper des énergies fossiles qui ont permis les trois précédentes étapes. Il s’agit ensuite d’utiliser au maximum cette nouvelle ressource que constitue les données de l’entreprise en tirant parti du formidable cocktail technologique arrivé à maturité qui combine des infrastructures à très haut débit (fixe avec la fibre et mobile avec la 5G), l’hébergement et le traitement massif des données (Cloud, Big data, IA), la décentralisation de l’intelligence au niveau des objets (IoT) et la disponibilité de nouveaux modes d’interaction homme-machine (réalité mixte, jumeau numérique, avatar).

Cette avalanche d’innovations permet de repenser de manière globale l’ensemble des activités de l’entreprise en intégrant tous les process des activités de production. A tel point que ceci est devenu une priorité pour de nombreuses puissances industrielles. Ce n’est pas un hasard si c’est l’Allemagne qui dès 2011 a lancé le plan Industry 4.0, premier du genre destiné à maintenir l’excellence de son outil industriel. C’est une préoccupation identique qui pousse la Chine à investir dans des usines du futur à forte valeur ajoutée pour conserver sa puissance industrielle et faire face à une pénurie de main-d’œuvre croissante. Une stratégie que la France a adoptée en 2015, avec l’Alliance Industrie du Futur, qui regroupe 32 000 entreprises rassemblées chaque année à l’occasion du salon Global industrie (Lyon, Mars 2023) au cours duquel les équipes de Nexans se sont distinguées en remportant 2 Golden Tech dans les catégories Concepteur et Maker.

Nexans 4.0 à l’horizon 2025

C’est l’expression d’un engagement qui concerne l’ensemble des équipes du groupe Nexans, avec la perspective d’une intégration numérique globale de toutes les dimensions de l’entreprise et de son écosystème pour simplifier les processus, améliorer la performance et être plus réactif, gagner en productivité et en sécurité, limiter les interventions inutiles, anticiper et prévoir les événements (maintenance prédictive, gestion des stocks, satisfaction clients…).

nexans-horizon-2025

Des investissements qui sont aujourd’hui réalisés par 98% des entreprises françaises interrogées qui déclarent avoir lancé ou mis en route des initiatives Industrie 4.0 (7ème édition du baromètre Wavestone de l’industrie 4.0, en partenariat avec Bpifrance et France industrie).

Ces mêmes entreprises qui indiquent que leurs principales motivations sont la recherche de performances industrielles (pour 30% des répondants) et la maîtrise des données (27%). A noter que l’impact écologique et la performance énergétique arrivent depuis cette année en troisième place (15%).

Pour le groupe Nexans, le changement a commencé fin 2020 à l’occasion d’un partenariat avec Schneider Electric qui dispose d’une solide expérience dans la transformation de son propre parc industriel en privilégiant la fiabilité, la productivité, l’amélioration de la disponibilité grâce à la maintenance prédictive, l’efficacité énergétique et la protection contre les cyberattaques. Cela a débuté par des investissements importants sur les sites pilotes d’Autun en France et de Grimsås en Suède, pour être ensuite déployés à huit usines supplémentaires d’ici fin 2023 avec l’objectif de mettre à niveau l’ensemble des 45 usines du groupe sur quatre continents à fin 2025, au rythme de 12 à 15 sites par an.

10

usines Nexans mises à niveau
fin 2023

45

usines Nexans mises à niveau
d’ici 2025

12 à 15

usines Nexans mises à niveau
chaque année

Ces changements profonds se traduisent par la mobilisation des données du groupe, devenues la véritable matière première de cette nouvelle révolution industrielle. Alors que la part des données utilisées est passée de 5% à 10% entre 2019 et 2023, l’objectif est d’atteindre les 70% d’ici 2026.

Vincent Dessale

Nous abordons la transformation digitale du groupe à deux niveaux, par l’intégration des nouvelles technologies dans les opérations d’une part et la création d’un environnement collaboratif d’autre part.

Vincent Dessale

Chief operating officer, Nexans

Une mise en œuvre qui assure la connexion des outils de production en utilisant les ressources de l’IoT et de l’IA tout en permettant une prise en main par les collaborateurs grâce au développement de tableaux de bord et d’indicateurs d’aide à la décision, au suivi de la qualité et de la sécurité, en favorisant la réduction des délais d’intervention et de commercialisation.

Une révolution pour quoi faire ou ce qui change sur le terrain

Au quotidien, c’est bien la manière de travailler qui est amenée à changer. Car les changements ne sont pas que techniques même si les usines font désormais une place de plus en plus grande aux machines connectées et aux robots dopés à l’IA, ainsi qu’aux chariots élévateurs à conduite autonome qui parcourent jour et nuit les centres logistiques. Mais c’est sans doute pour les femmes et les hommes que les changements sont les plus spectaculaires, maintenant qu’ils travaillent dans des ateliers envahis par les écrans, les tablettes et les lunettes connectées.

Un sujet sensible, car une grande partie du succès repose sur l’intégration bien comprise entre les hommes et les machines. C’est justement l’objet de ce que certains appellent l’industrie 5.0, qui consiste à compléter et renforcer cette transformation numérique par une collaboration plus efficace entre les humains et les machines pour que la créativité et le bien-être ne soient pas oubliés.

Une dimension prise en compte dès l’origine dans le projet de Nexans :

  • Des tableaux de bord en temps réel permettent de suivre le bon fonctionnement des lignes de production, usine par usine et bientôt pour l’ensemble de l’outil industriel du groupe au niveau mondial. La supervision en temps réel de données permet d’augmenter rapidement les performances industrielles, de renforcer le contrôle de la qualité, mais aussi de réduire les consommations d’énergie et de matières premières, avec une réduction 15% des coûts énergétiques.

Maintenance prédictive

Découvrez avec Chao Li, ingénieur en développement numérique, et Tobias Karlsson, opérateur de maintenance prédictive à Grimsås, comment la maintenance prédictive a été mise en place dans notre usine suédoise. L’objectif est de surveiller les principaux indicateurs de production tels que la température, la pression, la traction, afin de détecter l’évolution des tendances de ces paramètres.

Nous pouvons maintenant détecter à temps de nombreuses erreurs avant qu’elles ne se produisent. Grâce aux données collectées, c’est un peu comme si nous pouvions prédire l’avenir.

Tobias Karlsson

Predictive maintenance operator de Nexans à Grimsås, Suède

  • Un réseau social d’entreprise permet aux opérateurs d’accéder à des modules vidéo et des tutoriels complétés par un forum de discussion. Un atout lorsqu’il s’agit d’échanger de bonnes pratiques et aller rapidement à la solution en adressant directement une question à la communauté en ligne.

Mobilité des opérateurs

Ce programme de transformation digitale soutient nos opérateurs et leur facilite la vie en facilitant l’accès à tous les documents nécessaires et en soutenant la production à distance.

Découvrez avec Chao Li, Ingénieur en développement numérique, et Mylène Iller, Opératrice de production à Autun (France), comment la vie des opérateurs est facilitée.

Quand on revient de vacances, par exemple, il nous suffit de regarder le fil d’actualité pour être au courant de ce qui s’est passé pendant notre absence, sur notre ligne ou dans l’usine en général.

Mylène Iller

Production operator de Nexans à Autun, France

  • Les lunettes connectées sont utilisées pour réduire le stress au travail en mettant en relation directe, et à tout moment, experts et opérateurs afin d’aider ces derniers lors de phases de production délicates ou pour résoudre des problèmes urgents de production grâce à la réalité augmentée

Présentation du programme

Lionel Fomperie, directeur de la stratégie industrielle du Groupe Nexans, et Thomas Wagner, directeur de la performance des systèmes d’information de Nexans, donnent un aperçu du programme et expliquent comment les opérations collaborent avec les technologies de l’information et de la communication (IT/OT) pour créer des plates-formes IT/OT et de cybersécurité.

C’est tout l’enjeu de cette étape si importante de s’assurer que la numérisation libère les opérateurs des actions répétitives, pour leur permettre de se consacrer à des tâches à plus forte valeur ajoutée. C’est bien sûr un attrait supplémentaire pour convaincre les jeunes générations, digital native, à s’intéresser à ces métiers et l’occasion d’enrichir le poste de travail, de gagner du temps passé sur les machines, en assurant l’évolution des compétences par des programmes de formation adaptés.

Pour tirer toute la puissance de ce nouveau modèle de gestion des outils de production, il s’agit également d’en assurer l’intégration avec les objectifs stratégiques de l’entreprise. Un effort que Nexans entend pousser le plus loin possible en assurant la cohérence entre le plan industrie 4.0 et le modèle de management, E3, qui sert de socle à la transformation du groupe en alimentant les objectifs de performance économique, de vertu environnementale et d’engagement des équipes.

Focus sur 3 cas d’usage

Lionel Fomperie, Directeur de la Stratégie Industrielle du Groupe, Chao Li, Ingénieur en Développement Numérique et Olivier Ameline, Directeur de Nexans Excellence Way nous présentent trois cas d’usage : Unified Operation Cockpit (UOC), MES Performance (Manufacturing Execution System) et SQDCE Digital board : S pour Sécurité, Q pour Qualité, D pour Retard, C pour Coût et E pour Environnement.

L’odyssée du cuivre selon Nexans
Économie circulaire
31 octobre 2023
4 MIN
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Transformer la pénurie de ressource en avantage concurrentiel

Le cuivre, premier métal travaillé par l’homme à l’aube de la révolution néolithique et qui a été au cœur de la seconde révolution industrielle de l’énergie au début du XXe siècle, est aujourd’hui l’un des piliers de la transition énergétique en cours. Dopé par la généralisation des véhicules électriques, la multiplication des projets de parcs d’éoliennes, la modernisation des réseaux électriques, la rénovation des bâtiments ou les investissements dans les usines du futur, le cuivre est partout. Mais entre la raréfaction de la ressource, les tensions géopolitiques et la préservation de la planète, l’industrie du câble électrique doit se réinventer autour de nouveaux modèles économiques durables.

Nexans se positionne aux avant-postes de cette transformation, par son histoire, son investissement précoce dans le domaine et sa vision stratégique d’un modèle alliant responsabilité et performance.

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Le cuivre, de la pénurie annoncée au laboratoire de l’économie circulaire à venir

L’industrie des câbles électriques, qui a déjà connu de nombreuses phases de transformation au cours de sa longue histoire, doit s’adapter à un nouveau défi. La multiplication des projets d’électrification exigés par la transition énergétique entraîne une explosion de la demande en électricité, et donc une augmentation attendue de la consommation de cuivre mondiale qui devrait atteindre les 39 millions de tonnes en 2030 (contre 13 millions en 1995 et 29 millions en 2020). A cela, nous devons simultanément faire face à la raréfaction annoncée de la ressource minière, limitée par une production annuelle de 24 millions de tonnes pour les 5 prochaines années.

Un avant-goût de la pression qui attend les producteurs de câbles a d’ailleurs déjà eu lieu à l’occasion de la pandémie de Covid-19, lorsqu’ils ont dû faire face à une multiplication du prix du cuivre par deux. Une équation qui dépend de l’accès à une ressource de plus en plus disputée et d’un ajustement par les prix qui pèse lourd dans leurs modèles économiques alors que le cuivre peut représenter jusqu’à 70% du coût des câbles.

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Si la réutilisation des rebuts de cuivre (« Copper Scrap ») est une pratique très ancienne dans la filière, et que Nexans la pratique depuis près de 40 ans, la mobilisation de l’ensemble de la filière est devenue un impératif. Mais les quelques 9 millions de tonnes de cuivre issues du recyclage aujourd’hui ne suffiront pas à combler le déficit de production et à satisfaire l’accroissement de la demande.

Une transition difficile s’annonce, après presqu’un siècle d’une économie dopée au gaspillage et au jetable. Nous serions entrés dans l’ère du recyclage, celle d’une économie circulaire qui implique de remettre à plat toutes les activités de l’entreprise, de l’amont vers l’aval, des activités de conception à la distribution, en passant par les étapes clés de production.

Nous sommes en fait au début d’un mouvement qui va s’accélérer, car même si moins du tiers des industriels ont engagé une transformation de leurs chaînes de valeur au-delà des cœurs d’usine, ce sont plus de 80% des entreprises françaises qui ont déjà travaillé sur des modèles économiques circulaires (Enquête INEC, « Pivoter vers une industrie circulaire », Dunod, 2022).

Christopher Guérin

Je crois à l’invention d’un nouveau modèle de pilotage de l’entreprise, dans lequel l’économie circulaire sera remplacée par la performance circulaire. C’est-à-dire un modèle éthique et circulaire, pas décroissant pour autant.

Christopher Guérin

Directeur général de Nexans, (« POUR ALLER DANS LE BON SENS », LE CHERCHE MIDI, 2023)

Pivoter vers l’économie circulaire pour allier soutenabilité et profitabilité

Recycler et mieux contrôler ses approvisionnements ne suffissent déjà plus à définir une stratégie à la hauteur des enjeux. Car basculer d’une économie linéaire vers une économie circulaire implique un changement profond concernant tous les métiers de l’entreprise afin que le changement de modèle devienne vertueux.

Un bon exemple de l’application de l’approche holistique nécessaire à la mise en place d’une stratégie circulaire profitable est la nouvelle gamme de câbles de réseau de distribution bas carbone en France que vient de lancer Nexans. La prise en compte de chaque étape de la chaîne de valeur et de l’ensemble du cycle de vie d’un câble permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre des câbles basse et moyenne tension de 35% à 50%, selon les produits. Cela demande par exemple, au-delà du cuivre, d’utiliser un aluminium bas carbone et des plastiques recyclés, et de garantir l’utilisation d’énergies renouvelables ou décarbonées lors de la production des câbles.

Pour arriver à un tel résultat, tous les métiers doivent être impliqués comme le souligne Christophe Allain, Global Portfolio Director Non Ferrous Metals de Nexans : « Cette offre inédite illustre l’engagement de nos équipes pour le développement durable, depuis notre centre mondial de R&D Ampacity à Lyon jusque dans nos usines, en passant par les équipes marketing et achats sous oublier bien entendu nos fournisseurs partenaires. »

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Une offre indispensable au moment où les clients de Nexans sont eux même en train de pivoter vers une économie durable comme c’est le cas de Schneider qui fait figure de pionnier en la matière en mettant la circularité et plus globalement l’environnement au cœur d’une stratégie déclinée à travers de nombreux programmes : écoconception, recours à des matériaux de meilleure qualité́, produits plus modulaires, connectés et réparables, émergence des modèles « Energy as a Service », décarbonation des chaînes de valeur, usines sans déchets ou encore offres de leasing.

Enfin, au-delà des bénéfices économiques et de la confiance renouvelée des clients clés, le fait de pivoter vers une économie circulaire est également un atout pour le réengagement des équipes de l’entreprise. Car plus le changement est réel et assis sur des objectifs concrets et des résultats mesurés, plus les équipes retrouvent un sens et une motivation à leur engagement.

Exploiter les « mines urbaines » pour transformer la rareté de la ressource en avantage concurrentiel

Nexans, premier fabricant mondial de câbles verticalement intégré, dispose d’un atout lui offrant un accès direct aux cathodes de cuivre des mines. Il s’agit en effet pour le Groupe de maitriser ses approvisionnements en conservant une avance prise, il y a de nombreuses années, par l’intégration de sa propre activité de métallurgie : l’unique fonderie de cuivre restant en France située à Lens, deux en Amérique du Sud au Chili et au Pérou et une méga fonderie à Montréal.

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Cette seule stratégie n’est pas suffisante aujourd’hui. Il est indispensable de compléter ces sources d’approvisionnement en accentuant significativement nos efforts en matière de recyclage. « Pour notre activité de production de câbles électriques nous utilisons jusqu’à 6 et 14% de cuivre recyclé selon nos sites de production Lens ou Montréal » témoignent Franck Ruelle, recycling services manager chez Nexans et Philippe Demarez, directeur du site de Lens, « et cette part ne fera qu’augmenter dans le futur ».

Miser sur les mines urbaines pour transformer notre industrie et entrer dans l’économie circulaire, voilà l’engagement de Nexans. Il est indispensable de mieux récupérer le cuivre et l’aluminium des réseaux électriques des véritables « mines urbaines » que sont nos villes et nos infrastructures où le niveau de collecte peut être amélioré. Pour cela le Groupe s’appuie depuis 2008 sur RecyCâbles, joint-venture entre Nexans et SUEZ.

Au cours de l’année 2022, 14 000 tonnes de câbles usagés ont été transformés à cette occasion au sein des usines du groupe. Une collaboration qui pourrait dans le futur être étendue à d’autres acteurs du recyclage afin de développer une filière circulaire spécifique à l’industrie du câble. A titre d’exemple, les lignes historiques d’Orange vont techniquement être supprimées en 2030. Il sera donc essentiel d’assurer la récupération de l’ensemble de ce réseau de cuivre, afin d’en assurer un recyclage et une réutilisation. D’autres initiatives peuvent être également imaginées auprès de ferrailleurs et de déchetteries, qui sont des éléments essentiels du puzzle, et donc au cœur des enjeux de l’économie circulaire.

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Ainsi, maîtriser la chaine de valeur de bout en bout permet d’agir également sur de nombreux paramètres qui, au-delà des délais et des prix de revient, deviennent de véritables gages de qualité et d’engagements environnementaux auxquels sont désormais très sensibles les clients et partenaires de Nexans.

Cela passe aussi par la gestion à long terme des contrats d’approvisionnement comme celui qui vient d’être signé pour cinq ans avec le groupe polonais KGHM pour la fourniture de cathodes de cuivre qui prend désormais en compte le niveau d’émission de carbone abaissé grâce à un transport par voie ferroviaire entre la Pologne et la France, et complété par l’adhésion conjointe au Copper Mark afin de promouvoir une production de cuivre responsable au niveau mondial. Une politique qui a permis aux sites de Lens et de Montréal d’obtenir, en août 2023, le label certifiant d’une production de cuivre responsable.

Mais il reste que pour que l’ensemble de notre économie bascule dans ce nouveau modèle, des pionniers doivent ouvrir la voie en montrant les bénéfices pour la planète ainsi que les avantages pour une nouvelle croissance durable. Si le cuivre est souvent cité comme exemple d’une économie circulaire bien maîtrisée, alors l’industrie des câbles d’énergie se trouve aux avant-postes d’un « Green deal » que l’Union Européenne a commencé à déployer depuis 2019 avec des rendez-vous ambitieux dès 2030 pour l’atteinte de la neutralité carbone des pays de l’Union d’ici 2050.

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Le besoin crucial de métaux

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Coulée et recyclage du cuivre